Quels sont types d’attaques par Ingénierie Sociale (Social Engineering) ?
L’ingénierie sociale est une technique qui repose sur la manipulation psychologique des individus plutôt que sur des vulnérabilités techniques. Elle vise à amener les victimes à divulguer des informations sensibles, à installer des logiciels malveillants ou à accorder un accès non autorisé à des systèmes.
Dans cet article, nous allons voir les principaux types d’attaques par ingénierie sociale, comment elles fonctionnent et comment s’en protéger.
En résumé :
- 👉 Les entreprises doivent rester vigilantes face à l’ingénierie sociale, qui constitue une arme redoutable permettant d’obtenir des informations vitales de l’entreprise.
- 👉 Plusieurs types d’attaques existent, qu’elles soient menées en ligne via internet, les réseaux sociaux, par téléphone, SMS ou même physiquement.
- 👉 Les cybercriminels emploient ces techniques pour mener à bien leurs escroqueries et pousser les utilisateurs à révéler des informations sensibles.
- 👉 Pour se protéger, il est important de réaliser des campagnes de sensibilisation à la cybersécurité auprès des utilisateurs et employés.
La plus connue : le phishing (hameçonnage)
Le phishing est une technique d’attaque où un fraudeur envoie un message à un utilisateur — que ce soit par email, SMS, ou appel téléphonique — en se faisant passer pour une entité de confiance (banque, administration, entreprise connue). Son objectif est clair : vous inciter à divulguer des informations sensibles telles que vos identifiants de connexion, données personnelles ou informations bancaires.
Cette méthode est particulièrement répandue car elle exploite notre usage quotidien des emails et téléphones. Les messages sont souvent très convaincants, jouant sur l’urgence, la peur ou la curiosité.
Pour vous protéger efficacement, il est important de mettre en place des campagnes de sensibilisation régulières. Ces formations permettent à vos équipes d’identifier rapidement les signaux d’alerte, comme les liens suspects, les fautes d’orthographe, ou les demandes inhabituelles, et ainsi de réduire significativement les risques d’intrusion.
La plus ciblée des attaques par ingénierie sociale : le spear Phishing
Le spear phishing (ou harponnage) est une forme particulièrement redoutable de phishing. Contrairement au phishing traditionnel, qui envoie des messages génériques à un grand nombre de personnes dans l’espoir que quelques-unes mordent à l’hameçon, le spear phishing repose sur une approche personnalisée et hautement ciblée.
L’attaquant collecte des informations spécifiques sur sa cible — telles que le nom, la fonction, l’adresse email professionnelle, le nom de l’entreprise, les collègues ou les partenaires — afin de rendre son message crédible, voire indiscernable d’un message légitime. Cette personnalisation renforce la confiance et diminue la vigilance de la victime.
Le spear phishing est souvent utilisé dans des attaques de grande ampleur ou à fort enjeu stratégique, comme :
- des fraudes au président ou au faux fournisseur,
- le vol d’identifiants pour accéder à des systèmes internes sensibles,
- l’infiltration de réseaux d’entreprise pour du cyberespionnage ou le déploiement de ransomwares.
Cette technique cible généralement des personnes occupant des postes à haute responsabilité : dirigeants, cadres, comptables, DRH et membres de la DSI. Cependant, de plus en plus, tous les collaborateurs peuvent être visés, particulièrement lors d’une phase de reconnaissance précédant une attaque plus large.
Les autres types de techniques d’ingénierie sociale
Pretexting (prétexte frauduleux)
Le pretexting est une technique de social engineering qui repose sur la fabrication d’un scénario crédible mais faux dans lequel l’attaquant se fait passer pour une personne ou une institution légitime, comme un technicien informatique, un agent des ressources humaines, un représentant de la police, ou même un fournisseur. L’objectif est de gagner la confiance de la victime pour lui soutirer des informations sensibles (identifiants, données personnelles, accès) ou obtenir un accès physique ou numérique.
👉 Exemple : Un individu appelle un employé en se présentant comme un technicien informatique de la société, affirmant qu’il doit effectuer une mise à jour urgente du système et demandant les identifiants de connexion. La victime, pensant aider, transmet les informations, ouvrant ainsi la porte à une intrusion.
Le pretexting est souvent très travaillé, avec une préparation minutieuse (recherches sur la cible, écoute préalable, usurpation de voix ou d’identités) pour rendre l’histoire convaincante.
Baiting (appât)
Parmi les techniques d’ingénierie sociale, le baiting exploite la curiosité ou l’appât du gain de la victime en utilisant un objet physique ou une promesse alléchante comme levier. Le plus classique est la clé USB « perdue » volontairement dans un lieu fréquenté (parking, salle de pause, hall d’accueil). Lorsqu’une personne trouve l’objet et l’insère dans son ordinateur, elle active souvent un malware qui va compromettre le système.
👉 Exemple : Une clé USB estampillée « Salaires 2025 » est laissée sur le bureau d’une entreprise. Curieux, un employé branche la clé et déclenche involontairement l’installation d’un logiciel malveillant.
Le baiting peut aussi prendre la forme d’offres gratuites (logiciels, vidéos, contenus) qui, une fois téléchargés, contiennent des virus ou des chevaux de Troie.
Vishing (phishing vocal)
Le vishing est une variante du phishing réalisée par téléphone. L’attaquant appelle la victime en se faisant passer pour une personne de confiance (banquier, agent de sécurité, support technique) et utilise des techniques de persuasion, voire d’intimidation, pour obtenir des informations sensibles, telles que des codes d’accès, numéros de carte bancaire ou mots de passe.
👉 Exemple : Une personne reçoit un appel d’un prétendu conseiller bancaire l’informant d’une fraude sur son compte et lui demandant de confirmer ses coordonnées bancaires pour « sécuriser » son compte.
Le vishing exploite souvent l’urgence ou la peur pour pousser la victime à agir rapidement sans vérifier.
Quid pro quo (échange de bons procédés)
Le quid pro quo consiste pour l’attaquant à proposer un service ou une assistance en échange d’informations sensibles. Il s’agit souvent de faux supports techniques ou d’enquêteurs offrant de l’aide gratuite, mais qui demandent en retour des mots de passe, des accès ou d’autres données confidentielles.
👉 Exemple : Un faux technicien appelle un employé en lui proposant de résoudre un problème informatique en échange de la saisie de ses identifiants sur un outil distant.
Cette technique joue sur la générosité ou le besoin d’aide, avec une approche directe et personnalisée.
Tailgating / Piggybacking (suivi non autorisé)
Le tailgating (ou piggybacking) est une technique d’ingénierie sociale physique qui consiste à s’introduire dans une zone sécurisée en suivant de près une personne autorisée. L’attaquant profite souvent d’un moment d’inattention, d’une porte tenue ouverte, ou invoque un prétexte pour être « accompagné ».
👉 Exemple : Une personne sans badge de sécurité suit un employé entrant dans un bâtiment en prétendant avoir oublié son propre badge et demande à passer rapidement avant que la porte ne se referme.
Cette méthode permet d’accéder à des locaux sensibles sans avoir à forcer les systèmes de contrôle d’accès.
Comment se protéger contre l’ingénierie sociale ?
Se protéger contre l’ingénierie sociale est indispensable pour toute société. Ces attaques personnalisées créent des failles de sécurité dans votre structure et peuvent devenir de véritables bombes à retardement si vous ne prenez pas les mesures nécessaires.
Sensibilisation continue
Formez régulièrement tous les collaborateurs à reconnaître les signaux d’alerte des tentatives d’ingénierie sociale, même les plus subtiles. La vigilance doit faire partie des habitudes quotidiennes. Vous pouvez leur mettre à disposition des plateformes de formation en ligne comme celle que l’on propose.
Procédures strictes et claires :
Établir des règles claires pour la communication et le partage d’informations sensibles, tant en interne qu’en externe. Ces procédures doivent être bien documentées, facilement accessibles et appliquées rigoureusement sans exception.
Vérifications systématiques :
Ne prenez jamais pour acquis une demande d’accès ou de données, même si elle semble venir d’une personne légitime. Vérifiez toujours l’identité de votre interlocuteur, soit par un canal indépendant, soit par une confirmation directe.
Renforcement des accès avec l’authentification multi-facteurs (MFA) :
La MFA ajoute une couche de sécurité essentielle qui protège vos systèmes et données, même quand les identifiants sont compromis.
Quels sont les cas de social engineering les plus connus ?
Plusieurs cas récents de social engineering en France montrent comment les cybercriminels exploitent les vulnérabilités humaines :
Pôle Emploi (2023) :
- Fuite massive touchant plus de 10 millions de demandeurs d’emploi
- Origine : compromission d’un prestataire externe
- Méthode probable : ingénierie sociale ciblant des accès indirects
- Conséquences : revente des données sur le dark web
Arnaques au CPF (depuis 2020) :
- Fraudes massives via usurpation d’identité
- Méthode : faux appels ou SMS imitant des organismes officiels
- Objectif : voler les identifiants CPF des utilisateurs pour détourner les crédits formation
- Impact : millions d’euros détournés malgré les mesures de cybersécurité
CHU de Rouen (2019) :
- Cyberattaque paralysant les systèmes informatiques pendant plusieurs jours
- Vecteur suspecté : phishing ciblé contre plusieurs utilisateurs
- Conséquences : perturbation des services de santé, révélant la fragilité des infrastructures critiques face aux manipulations humaines
L’ingénierie sociale : comprendre pour agir
Les attaques par ingénierie sociale ciblent principalement l’humain, souvent vu comme le point faible de la sécurité informatique. Pour renforcer la cybersécurité de son entreprise, il est important de prendre conscience du rôle joué par l’utilisateur. Il faut rester vigilant, se former régulièrement et appliquer des contrôles stricts. C’est la seule façon de réduire efficacement ces risques.
FAQ – Social engineering
Quels sont les cas les plus fréquents de social engineering ?
Les cas fréquents incluent le phishing (messages reçus dans sa messagerie par email, SMS, téléphone ou via les réseaux sociaux), le pretexting (usurper une identité pour obtenir des informations), le baiting (appâter avec une clé USB infectée par exemple), et le tailgating (suivre quelqu’un dans une zone sécurisée). Ces exemples, lorsqu’ils sont correctement présentés, donnent le sentiment que la requête est légitime.
Quels risques j'encoure avec cette méthode ?
Les risques incluent le vol de vos informations personnelles et financières, l’accès non autorisé à vos comptes, l’installation de logiciels malveillants, et potentiellement des pertes financières directes. Les cybercriminels exigent fréquemment de l’argent de la part des entreprises, en insistant fortement sur l’urgence de leur demande.
Comment se protéger des menaces par ingénierie sociale ?
La vigilance est clé contre les tentatives d’escroquerie en lien ou non avec votre entreprise. Ne partagez jamais d’informations sensibles par mail ou téléphone sans vérification. Méfiez-vous des offres trop belles pour être vraies et des demandes urgentes. Vérifiez toujours l’identité de votre interlocuteur en cas de doute.
Author
Fabien Chevron
Je suis passionné par la cybersécurité et m'engage à sensibiliser un grand nombre d'entreprises aux cyber-risques. Mon but est de les encourager à adopter des approches préventives pour renforcer leur sécurité.